Le modèle suédois partie I: ÉCOLO TU SERAS
Il est grand temps pour moi de parler de mon pays. Pas de ce que ça fait d’y vivre, comme je l’ai fait à moult reprises, mais de ses spécificités qui font qu’il est plutôt agréable d’y séjourner.
La première spécificité dont je parlerai est son (grand) caractère écolo. En effet, il s’agit de l’une des premières choses que l’on remarque quand on arrive en Suède. Jeter un déchet à la poubelle devient parfois compliqué étant donné que l’on dispose d’une dizaine de poubelles et que notre éducation de Français ne nous a pas forcément guidé vers ce type de réflexes (ok on a DEUX poubelles, j’ai rien dit).
Pays écolo, Pays à vélos
Commençons par le début. La Suède est l’un des principaux États industrialisés d’Europe. Le pays vit de la pêche, de l’industrie du bois et donc du papier, de l’énergie hydraulique mais aussi de divers gisements de fer présents au nord du pays. Mais c’est surtout grâce à ses ressources humaines que le pays dispose d’une telle industrialisation. L’État dépense beaucoup pour l’éducation et accorde donc une grande importance à la formation de la matière grise. Être un pays industrialisé écolo n’est donc pas impossible.
Leur politique énergétique est allée de pair avec une politique d’indépendance nationale. En effet, le pays ne disposant pas de pétrole contrairement à son voisin norvégien, a eu besoin de réorienter sa politique énergétique afin d’accroitre son indépendance vis-à-vis de l’étranger. Ainsi, depuis les années 1970, le taux d’utilisation du pétrole est passée de 70% à 30%. Le but était de créer une société sans pétrole d’ici 2020, et le pays est plutôt sur la bonne voie.
Concernant l’énergie nucléaire, aucun nouveau site n’a été construit depuis 1980 et le référendum concernant le nucléaire civil. Aujourd’hui, une dizaine de réacteurs fonctionnent encore et alimentent 40% de la production électrique. L’énergie hydraulique est la plus importante du pays, créant alors 50% de l’énergie électrique.
La Suède utilise sinon des énergies renouvelables (très peu d’énergies fossiles) comme l’éthanol. Provenant du Brésil, l’éthanol est alors remplacé par le biogaz. On peut d’ailleurs voir à Uppsala des bus qui fonctionnent au biogaz, mais aussi à Stockholm. Très concrètement, le biogaz, c’est des déchets divers qui, macérés, produisent du méthane (voilà voilà).
La Suède augmente donc constamment la part des énergies vertes dans la production de son énergie. L’État suédois a fixé cet objectif et laisse faire le marché concernant les moyens pour l’atteindre. En effet, contrairement à des pays comme l’Allemagne, ce sont les fournisseurs d’énergies qui décident directement quelles énergies seront utilisées ou non (en Allemagne, c’est l’ État qui va décider quel type d’énergie sera subventionné). Les producteurs d’énergies favorisent les énergies peu chères, comme le biogaz (#déchets) et utilisent peu d’énergies coûteuses, comme l’énergie solaire par exemple (bon ok, utiliser l’énergie solaire en hiver c’est un peu compliqué).
Les communes jouent aussi un rôle capital. Étant l'échelle de gouvernance la plus locale, elles imposent des restrictions. Par exemple, on ne peut acheter un terrain à Stockholm si l'on ne s'engage pas à respecter les objectifs fixés en matière d'économies d'énergies. Un propriétaire peut donc choisir le type d'énergie qu'il préfère pour chauffer son logement... tant que celui-ci respecte les objectifs fixés par la commune.
En conclusion la Suède favorise de plus en plus les énergies vertes, et pour couronner le tout, ça ne coûte pas plus cher aux ménages.
Enfin … concernant le recyclage des déchets, la Suède est championne mondiale. Elle recycle (attention) … 99% de ses déchets. Elle est tellement forte qu’elle recycle aussi les déchets de ses copains européens, comme ceux du Royaume-Uni ou de l’Italie.
En 2014, la Suède est le neuvième pays le plus écologique au monde. En 2010, Stockholm est désignée comme la première capitale verte de l’Europe par la Commission Européenne. Les politiques énergétiques ont engendré une baisse de 20% des émissions de CO2 entre 1990 et 2009. Bien qu’elle soit un petit pays, la Suède peut beaucoup apporter à la communauté internationale concernant l’écologie car elle envoie du lourd (tout simplement).
À Stockholm, des jauges mesurent la présence de particules dans l'air et dans l'eau: bien sûr, les taux sont très bas
Mais au fait, pourquoi le pays est-il autant engagé dans ces questions environnementales?
Tout simplement à cause de sa position géographique.
- Le nord de la Suède est au dessus du cercle polaire. Par conséquent, ce qui semble lointain et abstrait pour nous, est proche et concret pour elle. Le pays assiste directement aux conséquences du réchauffement climatique. Les plus touchés par le réchauffement climatique sont les Samis, qui vivent dans les régions Lapones. Ils sont environ 20 000 en Suède et vivent de l'élevage de rennes. Le réchauffement climatique influe sur leur activité principale.
- La mer Baltique est la seconde raison de cet engagement écolo. En effet, cette mer est très polluée depuis la Seconde Guerre mondiale. Son emplacement stratégique a fait que la guerre s’y est menée très intensivement. Les déchets militaires toxiques ont eu beaucoup de dégâts. La mer étant presque totalement fermée, les eaux s’y renouvellent rarement. La pollution peut y rester jusqu’à 30 ans. Les eaux sont aussi froides et gelées pendant une partie de l’hiver, ce qui ne facilite pas l’élimination de la pollution. Affectant la pêche, cette pollution de la Mer Baltique pose des problèmes capitaux pour l’économie du pays.
C'est donc parce que le pays est proche de la nature qu'il se bat pour la préserver. L'innovation est l'arme de la Suède contre le réchauffement climatique et c'est innover qui permet la transition énergétique.
Et puis quand on voit ça, on veut tout faire pour que ça soit préservé